Charles BAUDELAIRE

Lettre autographe de Baudelaire, signée «C.B.», adressée le 27 mai 1864 à «Mon cher ami», Narcisse Ancelle, son conseiller financier. La lettre est formée de deux pages in-8, rédigées à l'encre noire et comporte quelques petits trous dus au frottement. La lettre concerne les cinq conférences que le poète avait faites au Cercle Artistique et Littéraire de Bruxelles et que ses «employeurs» n'acceptèrent de payer qu'au cinquième du montant prévu, soit 100 frs. au lieu des 500 que Baudelaire pensait recevoir. Il se plaint auprès d'Ancelle des difficultés que cette baisse entraînera dans ses remboursements, notamment auprès de son hôtelier de la rue d'Amsterdam, M. Jousset. Il assène ainsi quelques mots sévères sur le peuple belge, et regrette vivement de ne pas avoir rédigé de contrat. Il n'ose pas parler de ses problèmes à sa mère « de peur de la désoler» et fulmine contre la bande à Hugo. Il informe Ancelle de la conclusion proche de sa «grosse affaire» qu'était la publication bruxelloise de ses OEuvres Complètes «Mon cher Ami, Je n'ai pas encore attaqué la grande affaire; mais je doute de tout. Jugez vous-même si je n'en ai pas le droit. Après cinq conférences (grand succès), j'ai désiré régler. Au lieu de 500 frs., on m'a apporté 100 frs. avec une lettre d'excuses alléguant que, les fonds étant épuisés, on avait compté deux séances seulement à 50 frs., et que, pour les trois dernières, comme elles avaient été données après l'époque où s'arrête la saison des cours publics, on les avait considérées comme un acte de générosité de ma part. Quel peuple ! Quel monde ! Je n'avais pas de traité écrit. J'avais traité verbalement pour 100 frs. par conférence. J'ai eu envie de faire don des 100 frs. aux pauvres. Quel horrible monde! Je devais envoyer ces 500 frs. au Maître de mon hôtel, rue d'Amtersdam, M.Jousset, qui vous remettra cette lettre. Dans le courant de juin, je lui ferai remettre 100 ou 150 frs. par chacune des personnes à qui j'ai le droit de demander de l'argent